Bienvenue sur le sixieme continent : l’Antarctique !
Click to enlarge Voici quelques nouvelles bien fraîches de la base DDU (66°40’S-140°01’E) et de l’équipe de la 57ème mission qui va tenter l’intégration à l’autochtone : le Manchot Adélie…

18 mai 2007

Et là, ils se passent les œufs…

Les poches : la principale activité des couples, c’est de se regarder mutuellement les poches, comme une petite gymnastique de répétition pour bientôt tenir l’œuf sur ses pattes bien au chaud.

Le « petit cadeau ornithologique » est arrivé un 1er mai : l’observation du premier œuf ! Quel moment émouvant quand ce manchot soulève délicatement sa poche incubatrice en regardant attentivement qu’il y a là toujours cette petite coquille blanche si vulnérable au froid. La ponte est une étape très importante : le moment du retour en mer pour la femelle et le début d’une longue incubation solitaire pour le mâle. Après la ponte, la femelle confie l’œuf au mâle dans une parade merveilleuse de chants et de mouvements de tête. Les couples les plus maladroits peuvent perdre leur œuf au cours de cet échange : plusieurs minutes au contact de la glace de mer sont fatales pour l’œuf qui gèle et se fend rapidement. Depuis une semaine, les œufs sont donc de plus en plus nombreux sur les pattes des manchots. Malheureusement, les premières casses aussi…



Quelques instants avant la ponte : la femelle se tient toute droite, le mâle est attentif à ce qui se passe, et soudain on voit pointer l’œuf.

Quelques instants aprés la ponte : à peine l'œuf sur la glace, la femelle le glisse très vite sur ses pattes pour ne pas qu’il gèle. Le mâle, comme son voisin curieux, suit de près toute l’opération. Ce sera bientôt à lui de prendre et de protéger cet œuf du contact avec le sol glacé.

Œuf au chaud : la femelle garde l’œuf contre sa poche incubatrice, une zone de peau nue très chaude.

Chants autour de l'œuf : c’est le début de la parade d’échange : la femelle chante, le mâle lui répond…

Mouvements de tête : et un petit tour de tête, souplesse extrême…

Mâle au prise avec l'œuf : après que la femelle eut posé l’œuf sur le sol près du mâle, celui-ci pousse l’œuf entre ses pattes à l’aide de son bec avant de le faire remonter contre sa poche incubatrice.

Echange de l'œuf : le mâle a l’œuf sur ses pattes au contact de sa poche incubatrice. Le couple se répond, derniers chants avant la séparation.

Départ de la femelle : une fois l’œuf sur les pattes du mâle, la femelle quitte la manchotière et part se nourrir en mer pendant toute la durée de l’incubation.

Mâle maintenant seul : seul et fier avec son œuf, il attendra ainsi environ deux mois le retour de la femelle…

Départ d'un groupe de femelles : au loin vers le nord et entre les bergs, des groupes de femelles s’éloignent de la manchotière en direction de l’eau libre.

Par deux, toujours par deux…

Synchro : un couple qui se gratte en même temps… va savoir lequel voulait vraiment se gratter ?

Si vous n’avez jamais croisé un manchot Empereur, eh bien nous non plus… Mais des couples oui ! Tous ensemble dans la même galère de l’hiver : ils sont en colonne pour marcher, en couple pour explorer la manchotière, en tortue pour se réchauffer, en colonne pour repartir. Très vite arrivés sur la colonie, les manchots ont cherché leur partenaire pour la saison : 6000 manchots qui chantent… Lorsque la banquise n’était pas encore ouverte, on pouvait les voir et les entendre depuis le mont des géants, au sud de la base. Une douce berceuse comparée aux ricanements des petits Adélie. Aujourd’hui encore, leur chant est comme un phare pour s’orienter sur la banquise.
Une fois tombé sur le même accord, le couple se forme, ou non plutôt la paire de manchots se forme. Du même pas ils avancent, de la même griffe ils se grattent, sur le même bout de glace ils s’allongent… Seul un intrus vient jalousement parfois chercher la bagarre. Ce sont les rares moments, où l’on voit ces Empereurs s’agiter vigoureusement, ces oiseaux si calmes et si tranquilles sur leur banquise.
Pas d’intimité pour un accouplement un peu équilibriste, parfois dérangés pas des voisins curieux, mais pas de temps à perdre. Deux semaines plus tard, la femelle pondra un unique œuf après deux mois de jeûne. Un premier miracle…

Une histoire de paire...


Paire curieuse.

Paire curieuse (suite).

Face à face.

Tous 2 par 2.

Sieste par paire.

Regards a gauche.

Regards a droite.



Phase de l’accouplement :


Femelle position : la femelle se laisse tomber devant le mâle.

Ne pas déranger : Le mâle pince les couples ou célibataires curieux qui s’approcheraient trop près.

L'escalade : le mâle grimpe sur le dos de la femelle, avec des pattes coincées dans un tas de graisse et des ailerons bien rigides… Un exploit !

Planche de surf : le voilà sur le dos de la femelle, il ne touche plus terre du tout !

En equilibre.

17 mai 2007

Des journées en soleil rasant…

Berg au couchant : Un berg au nord au soleil couchant.

Les jours raccourcissent à mesure que l’on s’enfonce dans l’hiver. Début mai, le soleil pointe au-dessus de l’horizon un peu après 9 h et ne s’en éloignera jamais beaucoup. Sa course est rasante et sa lumière teinte légèrement la glace, le ciel et les nuages en nuances de rouge, de bleus et de jaune… Encore caché sous l’horizon d’où il apparaît timidement, c’est le magenta et le bleu qui dominent pendant des heures. La glace domine mais pas le blanc. Les bergs, la banquise, le continent, le glacier… chaque élément prend une teinte propre selon sa nature, sa forme, sa position par rapport au soleil mais rien ne reste parfaitement blanc. A midi, nos ombres sur la banquise sont encore des géantes. Un peu plus tard, on croit le soleil couché derrière un berg mais il nous renvoie encore des rayons quelques minutes après, une fois passé de l’autre côté de ce berg immense. Le jour est un immense coucher de soleil, à chaque instant merveilleux, à chaque jour différent…


Berg au lever : le même berg au lever.

7 mai ini : le soleil semble se coucher à gauche du berg…

7 mai +10min : quelques minutes plus tard, il est toujours au-dessus de l’horizon, à droite du berg.

7 mai 16h : le berg zoomé, le soleil est derrière lui.

8 mai 9h : le soleil pointe au nord, vers 9h.

Ombres au lever : des ombres géantes à la première heure de soleil.

Lever du soleil samedi 28 avril.

Ciel rose et mauve : les teintes prises par le glacier et l’île Bernard au coucher du soleil.

Coucher du soleil le 1er mai.

Coucher du soleil le 1er mai (suite) : le continent, la banquise et les chasse-neiges au coucher du soleil.

Coucher le 2 mai : des traits de nuages au coucher du soleil (à gauche c’est le 42, ou dortoir, à contre jour).

Coucher le 29 avril et mur de neige : un énorme mur de neige est présent sur le continent.

Pano au lever, mur et île bernard : une vision large d’un lever de soleil fin avril : au centre l’île Bernad, à droite le glacier et au-dessus un mur de neige, à gauche la banquise et les bergs détachés du glacier sur un desquels le soleil pointe.

8 mai à 15h30 : un soleil rasant derrière la base, nous sommes le 8 mai, il est 15h30.

16 mai 2007

Objectif D10 !


Matin sépia : sur la base au moment du départ, on devine où le soleil va se lever à gauche du berg.


La route vers le continent est ouverte, c’est le début des grandes balades sur la banquise !
On peut maintenant atteindre la station d'été de cap prud'homme, lieu d'organisation et de départ des raids pour la station Concordia, située à Dôme C, à environ 1500km à l’intérieur du continent.
Vers 8h30, l’équipe est prête pour la grande « évasion ». Nous avançons sur la banquise, cap vers les bâtiments de prud’homme sous un ciel rose de début de jour, la lune encore brillante va bientôt laisser sa place au soleil. Le vent est nulle, l’horizon vers le continent net, sans chasse-neiges, sans murs de neige. Les conditions sont idéales pour cette aventure.
Il faut vérifier de temps en temps l’épaisseur de banquise, qu’il y ait sous nos pieds les 40 centimètres de glace nécessaires pour avancer sereinement. Le jour se lève sur la base, déjà elle nous paraît bien loin. Mais la banquise nous appelle et malgré ce spectacle offert par le soleil, nous continuons notre route d’un bon pas. C’est le continent devant nous et ses falaises qui se dressent comme des remparts. On prend conscience de leur réelle hauteur au fur et à mesure que l’on s’approche d’elles et qu’on se tient à leurs pieds.
Le premiers pas sur cap prud’homme, le continent, est quelque chose d'émouvant et d’exceptionnel ! Sur le sol ce sont quelques roches mais surtout de la glace, et l’air y est bien plus froid que sur la base. La station est fermée pour l’hiver : la neige a envahi les passerelles et les engins restés là. Mais peu importe, il y a quelque chose d’attirant là-haut en regardant vers l’horizon. Nous sommes au bord du continent Antarctique et son cœur nous attire. La route est toute tracée, il suffit de suivre la piste du raid et d’aller voir plus haut sur cette glace bleue. La piste est toujours visible et bien praticable grâce à la neige tassée par les engins et aux balises qui jalonnent la piste.
De D3, première étape vers l’ascension, la vue sur la banquise et l’archipel des pétrels est déjà magnifique. A peine midi, des conditions vraiment exceptionnelles, on décide donc d’atteindre le prochain point : D10. C’est là que se trouve la piste de glace pour les avions qui font les liaisons entre Concordia, Terra Nova (la station d’été italienne en mer de Ross) et ici.
La pente est raide, la brise glaciale qui descend et devant nous que de la glace bleue. Un vrai désert : pas de repères, pas de limites, mais on a envie de continuer de grimper.
Difficile de ne pas penser à tous ces hommes qui sont partis pour traverser ce continent ou atteindre le pôle sud. Ces pensées ce sont celles qui nous font comprendre et partager quelques instants leur fascination et leur motivation à avancer dans le vide, le blanc, la glace.
Après 40 minutes de montée, nous distinguons les balises qui signalent la piste et les petites cabanes météos. Nous voilà à D10, à environ 5km à l'intérieur du continent et à 200m d'altitude.
Il est temps de regarder vers la mer, d’admirer la vue après être montée face au continent sans jamais se retourner. La surprise est de taille : un panorama à couper le souffle. A perte de vue les falaises du continent s'étendent à droite et à gauche. La banquise recouvre toute la mer et des bergs sont présent partout et sur l’horizon, bien plus loin que ceux qu'on peut voir depuis la base. Notre île est à peine visible comme un petit tas de cailloux perdus sur la banquise. On peut vraiment prendre conscience de l'environnement désertique qui nous entoure et qui s'étend à l'infini sans traces de l’homme.
Voilà, le temps d’immortaliser cette vue dans un appareil photo qui souffre du froid, et il faut déjà repartir. Les jours sont courts, les températures trop froides pour rester immobiles plusieurs minutes. Le retour ? Impossible de le raconter, la fatigue et le froid sans doute. Mais surtout je n’en ai vu que les souvenirs obsessionnels de ce panorama depuis D10.



Couleurs-magiques : la vie en rose…



Accompagnants : un groupe de manchots isolés nous croisent au large vers le glacier.



Soleil sur base : le lever de soleil derrière l’île des pétrels où est située la base.



Cap prud’homme : au fond la station prud’homme au bord du continent.



Pause carottages.



Banquise infinie : les premières visions de banquise sans fin : sans roches, sans île, sans glacier…


Arrivée : l’arrivée en bas du cap prud’homme et de la station.



Falaise continentale : une idée de la taille des falaises de glace qui bordent le continent.



DDU de D3 : la base vue depuis D3.



Route du raid vers D10 : le tracé de la piste du raid, une route sûre au milieu des crevasses et de la glace bleue glissante.



Montée a D10.



Panorama légendé : le panorama depuis D10 en explication.



Cabane météo à D10 : une cabane météo en service en été lors des passages ponctuelles des avions « twins ». Derrière elle, la falaise du continent se poursuit à l’est.



Groupe à D10.



Chasse-neige retour : la banquise à la fin du jour, le vent s’est levé et crée un chasse-neige éprouvant après une journée de marche dans le froid.