Bienvenue sur le sixieme continent : l’Antarctique !
Click to enlarge Voici quelques nouvelles bien fraîches de la base DDU (66°40’S-140°01’E) et de l’équipe de la 57ème mission qui va tenter l’intégration à l’autochtone : le Manchot Adélie…

26 avr. 2007

Manip Pétrels géants

La première route ouverte sur la banquise, c’était celle entre Pointe noire et l’île Jean Rostand en vue de la manip ornitho sur les Pétrels géants. Il s’agit d’une opération de recensement des poussins de l’année avant leur envol, à une période qui interfère le moins avec la croissance de ces oiseaux très sensibles au stress. Ce sera la seule excursion de l’année sur l’île Rostand pendant la reproduction de l’espèce, et donc l’opportunité fantastique d’approcher ces grands oiseaux sur leur colonie en accompagnant Anne, l’ornitho chargée de l’étude, et David. Merci Anne de nous avoir permis d’approcher ces oiseaux si merveilleux !
La matinée fut consacrée à la préparation du pique-nique, des boissons chaudes, du matériel banquise et aussi à l’enfilement de plusieurs couches de vêtements chauds. Le thermomètre affiche -16°C, le vent est modéré et pas un nuage dans ce ciel : la journée s’annonce belle ! L’émotion de la veille était encore intacte lorsqu’on a remis le pied sur la banquise pour la deuxième fois. C’est le lancement d’une aventure, la fuite préméditée de la base pour une journée entière, le départ pour découvrir de nouveaux panoramas, et voir l’autre côté de Rostand, le glacier, les bergs… C’était la parfaite inconnue de savoir à quoi aller ressembler « l’arrière-Rostand ». La surprise fut complète : une arche grandiose, aux traits parfaitement dessinés, s’élève là enchâssé dans la banquise. Le glacier s’étend à perte de vue. Le chant des Manchots comble tout ce vide.
Les pétrels eux aussi sont là, sur le versant est de l’île. Partout on voit des poussins et parfois des adultes qui s’envolent ou qui rejoignent le nid. Très vite le froid est saisissant : le versant est à l’ombre, la brise s’infiltre sous les couches de vêtements, les rochers à notre contact sont glacés… 13 poussins sont encore là, quelques-uns plus précoces se sont certainement déjà envolés : les opérations de bagage, de mesures de taille, de position GPS des nids commencent… Le vol de ces géants est magnifique, de leurs longues ailes ils planent puis se pausent près de leurs poussins, dans un calme parfait. Les cris des adultes sont graves et posés, ceux des jeunes affamés sont comme des vibrations sourdes. On a pu assister au repas d’une adulte régurgitant pour son poussin.
Malgré ce balai au-dessus de nos têtes et devant nos yeux, les pauses sont un soulagement pour les pieds et les mains, tellement froids qu’ils en deviennent douloureux. Dès qu’on se place à l’abri du vent et au soleil, une timide chaleur regagne les extrémités. Chaufferettes, boissons chaudes… tout était prévu mais très vite consommé ! Vers 17h, la manip s’est terminée, le soleil commençait à disparaître derrière les bergs, on pu admirer la manchotière et derrière elle la lune déjà brillante au-dessus du glacier. Difficile d’accepter qu’il était l’heure de rentrer, même si dans la tête, il n’y avait que l’envie d’une douche chaude, le froid était devenu secondaire à côté de la beauté de ces paysages et de cette liberté le temps d’une journée…


Pano haut rostand




Arche du haut rostand




Les poussins sont encore présents sur les nids : Ils ont un plumage brun foncé. Ils sont patauds de leur pattes palmés lourdes et immenses, encore maladroits avec leurs ailes de temps en temps déployées.




Pétrel adulte : Les adultes viennent encore nourrir leurs poussins. Ils ont un plumage plus clair.




Pause pique-nique : Au menu, du pain congelé, du saumon du repas de Pâques congelé et du conté de France… congelé !




Pétrels géants : un poussin sur le nid avec l’adulte à la tête plus claire.




Comparaison entre l'empreinte d'un Pétrel géant et ma main.




La photo de l’équipe au sommet de Rostand à la fin de la journée.




La manchotière sous la lune.

Les premières explorations banquise !

Comment décrire la sensation de marcher sur la banquise, sur une couche de glace de mer de quelques dizaines de centimètres qui recouvre les profondeurs d’une mer à -1,9°C, dans laquelle on pourrait geler instantanément.
Les jours raccourcissent, les températures moyennes chutent et l’eau se refroidit jusqu’à se solidifier. C’est un équilibre instable qu’on a pu observer et vérifier depuis la mi-mars après avoir observé la première pellicule de glace en surface. Ce fut donc une longue attente jusqu’à mettre le premier pied sur la banquise, mais voilà c’est le début des balades !
Bien sur la curiosité majeure c’est la manchotière, enfin accessible d’un peu plus près. Les Manchots Empereurs sont des animaux très sensibles mais très curieux. Ils viennent de loin à notre rencontre se frotter aux objectifs, un régal, on en devient boulimique !
Les bergs sont époustouflants, le glacier immense, le sentiment de liberté infinie, la rencontre avec la faune riche... On s’y sent bien, libre de la base, serein au milieu d’une nature inconquise. Les pétrels des neiges de retour se confondent avec la neige et la glace, les poussins de pétrels géants font leurs premiers essais de vol parfois depuis la banquise et ces Manchots Empereurs si majestueux paradent en chantant…


« Première banquise » : lundi 9 avril, date des premiers carottages et de la libération de la banquise.




Carottage… : un art ancestral pour vérifier une épaisseur de glace suffisante ! Il faut en effet 40 cm pour avoir accès à la banquise.




L'arche : Monstrueusement grande et des lignes parfaites, elles nous émerveillent à chaque sortie !




La base, de loin : La base vue d’en bas, de loin et parfois plus visible du tout : enfin libre.




Du coin de l’oeil : Une curiosité débordante pour ce manchot Empereur comme pour nous !




Pétrel-geant : On peut voir les adultes planer au-dessus de Rostand.




Poussin pétrels : Sans vent, les poussins ne réussissent pas à s’envoler, ils pataugent les ailes déployées sur la banquise et se reposent entre les essais vains.




Pétrel dans la neige : Les pétrels des neiges de retour se confondent parfaitement avec la banquise et le glacier.




Trou de phoques : Les phoques sont de grands amateurs de siestes sur la banquise. Ils se nourrissent dans la mer, juste sous la banquise. Pour respirer et sortir en surface, ils creusent des trous d’une cinquantaine de centimètres de large. Ils ont des mâchoires très puissantes et les dents adaptées à ronger la glace sur toute l’épaisseur de la banquise. Ces trous sont entretenus régulièrement.




Empreintes de glissades : La banquise n’est pas lisse : la neige, les congères, les empreintes des Empereurs, des Pétrels, des Phoques et des quelques hommes qui s’y aventurent, des petits bergs enchâssés dans la banquise…




Cirque de bergs : Au fond à gauche c’est l’île des pétrels avec la base, et en premier plan le cirque de bergs dans un chasse-neige entre les îles Rostand et Lamarck.




Empereur tout proche




Entre manchotiere et Empereurs isolés : Presque à chaque balade vers la manchotière, des petits groupes de manchots viennent à notre rencontre. Il faut alors rester immobile pour ne pas les effrayer. Ils nous contournent, nous regardent puis repartent ou restent là en reprenant leurs parades ou leurs chamailleries. Au fond, on aperçoit le continent et la falaise de glace qui mesure une trentaine à une cinquantaine de mètres de haut.

Fou, fou et fou !

Comment mieux définir l’Antarctique que par la glace. Un continent enseveli sous des kilomètres de glace, isolé par une glace de mer large de plusieurs centaines de kilomètres. Les paysages ne sont que des contrastes de glace : de la lumière et des couleurs qu’elle reflète, des reliefs des bergs et des glaciers, des cris qu’elle émet comme des sirènes, des sculptures soufflées par le vent s’écoulant le long des pentes de la calotte glaciaire continentale … Loin d’être blanche et figée, ici elle nous fait vivre une histoire à chaque heure différente.

- Des mirages en plein désert de glace…








- Stalactites.




- Houle gelée : Les premiers signes de véritables refroidissements de l’eau de mer et de l’air se sont vus avec les marées. Dès que la marée descend, les rochers humides se recouvrent d’une membrane glacée parfois un peu molle et opaque.






- Plume de glace : On peut voir dans la glace bleue de jolies figures comme celle-ci, que j’ai nommées « plumes » mais à chacun de voir ce qu’il veut.




- Chasse-neige : Le « chasse-neige » est en fait l’effet du vent sur la neige. Les tempêtes neigeuses recouvrent les rochers, la calotte de glace continentale et la banquise d’une épaisse couche de neige poudreuse très légère. Dès que le vent souffle assez fort (très communément), soit du sud (vent catabatique) soit du sud-est (vent « dépressionnaire »), il souffle la neige et forme des congères, et aussi des murs de neige sur le continent.








- Empreintes : Voici nos empreintes d’une balade la veille après un chasse-neige : la neige piétinée se tasse, et n’est plus soufflée par le vent comme la neige tout autour de l’empreinte. Ca donne cet effet de relief inversé.




- Mur de neige : Les murs de neige se forment sur le continent, levés par le vent catabatique qui s’écoule du sud vers le nord sur les pentes de glace continentale. Ils peuvent mesurer parfois plusieurs centaines de mètres de haut. On en voit très régulièrement, ils évoluent lentement ou restent presque immobiles.




- Couleur : Aux levers et couchers de soleil, on peut admirer des couleurs de feux, d’or et des roses et violets magnifiques, tout en nuances !












- Bergs : Les bergs sont généralement blancs mais après retournement, les parties précédemment immergées prennent parfois des couleurs bleues, ou parfois rouges (ils peuvent se teinter en frottant le fond).








- « Paillettes » : Des paillettes de glace dans de l’eau de mer en mouvements. Lors des marées, l’eau de mer libre s’infiltre encore entre les glaces déjà prises en surface, formant de petits ruisseaux avec des paillettes de glace ou recouvrent les banquettes (attache de la banquise à la terre) d’une eau couleur jade.






- Effet miroir : Par temps calme sans vent, les zones d’eaux encore libres se figent en glace parfaitement lisse et transparente mais réfléchissante. La mer devient miroir dans lequel se reflètent les bergs.



12 avr. 2007

La banquise libre !



La route vers Rostand pour la manip ornithologique est tracée depuis lundi. Un pas sur la glace de mer, presque à l’improviste alors qu’on l’attendait depuis des mois et qu’on guettait quotidiennement la masse blanche formée dans le pré entre les îles. Les tempêtes à répétition détruisant nos espoirs de banquise en fragmentant la couche de glace fragile. Mais les carottages ont bien commencé : le chef de mission et le chef technique ont percé la glace au bout de Pointe Noire et il y avait les 40cm nécessaires pour y avancer. De pas en pas, on se laisse envahir par le sentiment de liberté et un peu de victoire : sur l’attente, sur l’emprisonnement sur la base, sur les incertitudes de savoir quand les éléments seront près à nous laisser marcher sur l’eau. S’éveillent peu à peu les envies d’évasion, de découverte, de longue marche à défier le froid et saisir ces instants magiques de banquise à l’infinie. Se retourner et regarder la base d’en bas, de loin, de derrière un berg, de derrière la piste suivie par les Empereurs jusqu’à leur manchotière et au bout de cette glace plane, légèrement enneigée, est un instant merveilleux !
C’est donc brutalement, que le moral est remonté au beau fixe, que chacun a préparé son équipement banquise, a organisé ses « palanquées » et a pu poser le pied hors de l’île puis sur le chemin tracé vers Rostand. La banquise est encore timide mais c’est le début de la grande aventure !

Les cloches passent aussi en Terre Adélie !


Pas de jardin pour y dissimuler quelques œufs mais la surprise au réveil de voir à notre porte un gros œuf, bien plus gros qu’un œuf d’Empereur, tout en chocolat… Merci Arthur !
On a donc fêté Pâques dimanche soir : Gilles le cuisto nous avait gâtés avec un bon repas (manger de la langouste en Antarctique, doublement savoureuse !) et un bon gros gâteau « 3 chocolats », qu’on n’a toujours pas fini aujourd’hui mardi. Pour la petite place qui restait dans l’estomac après tout ça, Arthur nous avait fabriqué un œuf géant rempli de truffes ! Le « Bibta » va avoir du boulot à soigner les crises de foie…

2 avr. 2007

Le tour de DDU


DDU vue d'Hélicoptère


Carte de DDU


Vue du point 1


Vue du point 2


Autre vue du point 2


Vue du point 3


Vue du point 4


Vue du point 5


Vue du point 6