Bienvenue sur le sixieme continent : l’Antarctique !
Click to enlarge Voici quelques nouvelles bien fraîches de la base DDU (66°40’S-140°01’E) et de l’équipe de la 57ème mission qui va tenter l’intégration à l’autochtone : le Manchot Adélie…

22 août 2007

Réflexions au bord d’un lac

Au rendez-vous de ce premier jour après la tempête, la lune est la première, au-dessus d’un berg entouré par la mer libre (photo 1). Une semaine sans jamais voir le soleil et voilà qu’il ré-apparaît de magnifique façon (photo 2). Le ton de la balade est vite donné.
Après une centaine de mètres, l’eau est déjà là : la banquise est cassée nette au bout de la piste du Lion (photo 3). Difficile de réaliser que ce sont là les marges de l’océan, cette eau est si calme que les bergs se reflètent dedans comme dans un miroir. Des groupes de Manchots se trouvent au bord de l’eau, en attente d’un signal pour se jeter dedans (photo 4).
Un soleil haut dans le ciel encore un peu nuageux, presque déjà fort et aveuglant, une lumière blanche et la douceur de l’air : aujourd’hui c’est comme si l’hiver s’était arrêté. En quelques jours nous sommes passés d’un blizzard glacial sur une banquise infinie et uniforme, à cette mer, si plate qu’on aurait dit un lac, baignant de nouveaux bergs, et dans l’air à juste quelques degrés sous zéro, l’absence de vent nous laisse sentir les rayons chauds du soleil.
Vers le nord, nous longeons les bords de la banquise (photo 5). Avec le retour de la mer, le désert de glace s’est transformé en oasis de vie : des dizaines de Manchots bondissent hors de l’eau devant nos yeux (photo 6), d’autres nous suivent en file indienne, de nombreux phoques de Weddell et phoques crabier sont étendus sur ces grandes plages glacées (photo 7). Sous nos pieds, la banquise est couverte de neige fondante, parsemée de rivières entre les plaques facturées par la houle et le vent (photo 8). Il faut être attentif à chaque pas : sous ce tapis de neige peut se cacher une rivière ou une plaque de banquise abimée prête à céder sous notre poids. Mais poussés par le besoin de constater l’étendue des dégâts, nous avançons prudemment sur ce reste de banquise. Au fur et à mesure de l’avancée, c’est un émerveillement devant ce spectacle riche en couleurs et totalement dépaysant (photos 9, 10 et 11).
La banquise forme un triangle de presque deux kilomètres de large et finissant en pointe vers le glacier, aux pieds du tabulaire blanc (photos 12, 13 et 14). Le rocher du débarquement et toutes les îles avant lui sont dans l’eau. Pendant cette balade, ce sont des réflexions dans tous les sens du terme : dans nos yeux et dans notre tête. Les souvenirs des balades là-bas au large nous reviennent alors que grandit l’inquiétude de ne jamais pouvoir marcher aux pieds de ces bergs inaccessibles à cause des jours courts. Marchant sans gants ni bonnet, voyant cette eau paisible sans signe de regel nulle part, cette neige fondante sous les rayons du soleil, les questions sur l’avenir de la banquise ne nous quittent plus. Le mois d’août ne fait que commencer, et malgré tout l’hiver est encore là pour de nombreuses semaines. Il faudra être patient et attendre de voir si le froid l’emporte sur la violence des tempêtes et nous reforme une nouvelle banquise.




Photo 1 - Lune rousse : La lune, immense et rousse, se couche derrière un berg à l’ouest.

Photo 2 - Lever de soleil : L’eau libre reflète les lumières rouges du soleil et des cirrus à l’horizon.

Photo 3 - Reflets du lion : Cette pyramide de glace aux formes presque parfaites est nouvel dans notre paysage.

Photo 4 - Attente : Ce groupe de Manchots attend qu’un premier individu se jette à l’eau, donnant le signal du départ pour tous.

Photo 5 - Puzzle : La banquise a été rompue de façon nette et géométrique.

Photo 6 - Sortie de l'eau : Une cinquantaine de Manchots bondissent hors de l’eau, à la suite les uns des autres, et se mettent immédiatement en route vers la manchotière.

Photo 7 - Phoque crabier : Un nouveau venu cet hiver, le phoque crabier, au pelage non tâché, plus clair que celui du Wedell, et à la gueule très carrée.

Photo 8 - Labyrinthe : De larges rivières sont présentes partout.

Photo 9 - Miroir : Qui pensait que nous avions la tête en bas au « pôle Sud » ? Ici les paysages se retournent.

Photo 10 - Ciel dans la mer : Le ciel bleu, chargé de petits nuages, apparaît à la surface de l’eau noire.

Photo 11 - Bergs verts : Dans la mer, ces bergs prennent une teinte verte.

Photo 12 - Fin nord : La banquise s’arrête ici au niveau de ce berg tabulaire qui est en partie dans l’eau libre, sa couleur jaune et le contraste fort sur la glace le trahissent.

Photo 13 - La route s’arrête : Les Manchots ont continué leur voyage en nageant vers les zones plus au large riches en nourriture.

Photo 14 - Pour nous aussi la route s’arrête bien avant ces bergs vers le nord, qu’on avait approché lors de précédentes balades.

Photo 15 - Soleil chaud : Ce soleil presque chaud sur la mer libre, donne l’impression d’un mois d’été.

Photo 16 - Soir sur la polynie : Une vue nouvelle depuis le dortoir.

16 août 2007

La débâcle !

Alors que l’hiver antarctique déchaîne violemment sur nous ses tempêtes et ses vents catabatiques dépassant les 170km/h, la banquise a été bien malmenée. Le peu de répit qu’a laissé la succession des dépressions et des descentes catabatiques a été difficile à vivre pour tous mais la plus grosse épreuve est sans doute cette vision de débâcle presque totale. Pendant une semaine, la neige nous a réduit la visibilité, le blanc régnait en maître et nous cachait le désastre. Par une nuit de pleine lune, une courte accalmie nous a permis de voir du noir partout autour de l’île : de l’eau libre !
C’est là qu’on se rend compte que même si la banquise nous isole du reste du monde, la vraie prison ce n’est pas elle : c’est la mer libre, celle qui nous enferme sur cette île. La banquise est notre espace d’évasion qui nous fait voir quelques merveilles de ce continent grandiose, nous rend amoureux de la glace pour nous faire oublier nos sentiments négatifs. Toutes ces choses qui pourraient nous manquer, pour lesquelles on refuserait de tenter l’aventure, elles n’existent plus quand on se trouve aux pieds d’un berg.
De nombreux espoirs se sont effondrés avec la disparation de la banquise. Il a fallu encore attendre deux jours avant de sortir mesurer l’ampleur des dégâts. Mais la banquise a laissé place à un spectacle nouveau et presque aussi magnifique, avec malgré tout un goût amer.


Polynie le 19 juillet flêchée : Le 19 juillet déjà, on devine une polynie au nord et à l’ouest, à environ 10km de DDU.

Polynie le 19 juillet : Des bergs noirs dans l’eau, des bergs blancs sur la banquise, du déjà vu il y quelques mois…

Blanc avant l'eau : Le 4 août après une semaine sans visibilité, le temps se calme et nous permet de sortir sur ce qu’il reste de banquise. A droite, les nuages bas ne sont plus blancs mais gris, signalant la présence d’eau libre en dessous.

Lion près de l’eau : Le lion a les pieds dans l’eau, les plaques de banquise ont été brisées net avant d’être emportées vers le large par les rafales de vents catabatique ou de la dernière violente tempête.

Nouvelle pyramide : Le paysage a changé, de nouveaux bergs comme cette pyramide sont apparus, d’autres se sont éloignés ou ont basculés.

Va dans l’eau : Les Manchots profitent de cette débâcle pour se jeter à l’eau après une marche de quelques centaines de mètres seulement…

Berg penché : Un Manchot Empereur nage devant le berg penché qu’on atteignait en 30 minutes par la banquise.

Avant plongeon : Des couchers de soleil sur l’eau libre, de quoi nous réconcilier avec elle.

Eau ou glace : Des effets de mirages brouillent la frontière entre banquise et mer libre.

Le chassé-croisé des Martyrs

Juillet sonne la fin du calvaire pour plus de 3000 mâles. Depuis deux mois ils tiennent leur œuf sur les pattes quelque soit les conditions. Le blizzard et la nuit Antarctique les ont mis à rude épreuve (photos 1, 2 et 3) mais le moment de l’éclosion des premiers poussins est arrivé. Une victoire de la vie dans cet enfer de glace.
Des coquilles trouées, des becs qui dépassent, des petites boules grises encore humides, on voit des petites têtes noires et blanches fleurirent partout sur les pattes des adultes (photos 4 et 5).
Les jours commencent à rallonger, c’est le temps du retour des premières femelles. Elles rejoignent la manchotière par groupes de quelques individus ou en formant ces colonnes de centaines d’individus (photos 6 et 7). Le mâle qui les attend porte peut-être encore l’œuf, l’a peut-être malheureusement perdu ou peut-être déjà le petit est né. Les mâles peuvent nourrir le poussin pendant quelques jours en attendant la femelle. Après 4 mois de jeûne, cet oiseau impressionne.
Mais le mois de juillet est traitre : le blizzard est fréquent, les tempêtes s’enchaînent sans laisser trop de répit, le vent catabatique déploie toute sa violence. Le 23 juillet, il attteindra 176 km/h ! Les manchotes continuent leur marche malgré tout, les mâles ne pourront assurer l’alimentation du poussin pendant très longtemps. Le mâle abandonnera le poussin pour retourner s’alimenter en mer plutôt que de mettre en péril sa survie. C’est la loi ici : un individu compte plus que sa progéniture. Nous croisons des mâles quittant la manchotière, avançant à petits pas, la poche incubatrice gonflée. Sans doute vont-ils lâcher l’oeuf ou le poussin un peu plus loin.
D’autres couples ont réussi le pari : les femelles se mettent à chanter à leur entrée dans la vallée des Martyres entre Rostand et Le Mauguen. Les retrouvailles sont incroyables : au milieu de miliers de Manchots, dans une cacophonie totale, deux individus se retrouvent rien que par leur chant. Les parades commencent avant d’échanger l’œuf ou le poussin (photos 8 et 9). Le poussin lui écoute les chants de son père et de sa mère, et siffle un chant unique que ses parents savent reconnaître. Le mâle alors soulagé de son fardeau, s’étire, glisse dans la poudreuse et prend rapidement la direction de la mer libre, très loin vers le nord (photo 10). Encore de longs jours et une longue marche avant de se nourrir.
Les femelles alimentent leur poussin par régurgitation d’une bouillie de krill et de poissons (photos 11 et 12). Les poussins sont leurs fiertés et les adultes n‘hésitent pas à montrer leur petit aux autres en paradant comme ils le feraient avec leur partenaire (photos 13, 14 et 15). Les petits restent immobiles sur les pattes, se faisant balader, le bec qui dépasse (photos 16 et 17), échangeant des chants avec leur parent (photo 18). Le froid est encore trop méchant pour eux. Un pas dehors les tuerait rapidement.
Les poussins grandissent vite, chaque jour qui passe nous les fait voir plus gros et plus agités, remuant leur ailerons encore un peu patauds (photo 19). Bientôt, nous les verrons trotter sur la banquise!


Photo 1 - Tous en tortue : Quand le blizzard souffle, ils se protègent du froid en formant ces tortues denses.

Photo 2 - Blizzard

Photo 3 - Dans le blanc

Photo 4 - Eclosion : Ce poussin est juste éclos ; des morceaux de coquille sont encore sur les pattes.

Photo 5 - Fragile : Le duvet très fin des poussins à la naissance ne leur permet pas encore de sortir de la poche incubatrice des adultes.

Photo 6 - Colonnes : Les beaux jours et les femelles reviennent (ici elles sont près de Lamarck).

Photo 7 - Retour des femelles : A l’entrée de la vallée des martyres, les mâles dos aux vents semblent « guetter » le retour de leur femelle.

Photo 8 - Retrouvailles : Un couple s’est retrouvé, les parades commencent.

Photo 9 - Couple et tortues : Au-dessus des tortues, deux têtes dépassent, le cou tendu en arrière : un autre couple parade.

Photo 10 - Ouf : Les mâles, très amaigris, sont libres de tout mouvement après avoir gardé les pattes serrées pendant deux mois.

Photo 11 - Nourrissage : Le nourrissage des poussins.

Photo 12 - Nourrissage (suite)

Photo 13 - Fier

Photo 14 - Echanges : Les adultes sont sans cesse en train de se montrer leur poussin, de chanter et parader à 4.

Photo 15 - T’as quoi toi : Un œuf troué et un jeûne poussin. Les éclosions s’étaleront sur tout le mois de juillet.

Photo 16 - Bec qui dépasse

Photo 17 - Sur les pattes : Bien au chaud, la tête dépassant de la poche, le monde extérieur grouille de curiosités à observer et apprendre.

Photo 18 - Sifflant : L’adulte et le poussin se répondent avec un chant unique.

Photo 19 - Il grandit vite : Plus vif qu’aux premiers jours, ce poussin commence à battre de ses petits ailerons.

14 août 2007

Cap vers les îles Fram

5 juin 15h30 : Les îles Fram au bout du continent un soir de chasse-neige.


Les îles Fram sont un groupe d’îles à l’ouest de DDU, qu’on devine à peine depuis les Pétrels. 4 amateurs étaient au départ de cette première excursion de l’hiver vers « Fram », pour découvrir cette banquise encore jamais foulée et les bergs sur la route de ces îles situées à 8km de la base. Le débarquement nous a donné l’envie d’explorer plus loin la banquise, de marcher librement sans freins sur plusieurs kilomètres, de revivre cette découverte d’un panorama complètement nouveau et de se sentir dans un nouvel environnement.
En chemin, l’une de nos camarades nous raconte l’origine du nom Fram. Il s’agit du nom du bateau de Nansen, utilisé lors de ses explorations polaires en Arctique à la fin du 19ème siècle. Ce bateau est actuellement exposé dans un musée norvégien, pays dont est originaire Nansen.
Nous mettons cap vers Fram. Très vite nous dépassons tous les bergs échoués dans les hauts fonds proche des Pétrels. C’est la banquise, plate, grise, sans neige, et sans fin qui est désormais autour de nous pendant près de deux heures. Nous longeons de loin la falaise du continent qui semble immobile alors que nous avançons à un rythme soutenu. La lune se couche doucement derrière la crête continentale (photo 1). Le spectacle est grandiose : pour la première fois, nous prenons toute la mesure de ce désert.
Fram devient de plus en plus grande, nous approchons enfin. La première surprise est cette drôle de grotte (photo 2) formée par la houle juste au-dessus de la roche. Le temps de se ravitailler en eau chaude mais sans jamais se refroidir après cet effort, nous grimpons au sommet de l’île principale. Difficile d’abord, les pentes sont raides, recouvertes d’une neige glissante et un canyon abrupt sépare l’île principale en deux parties (photo 3, 4 et 5).
Le soleil voilé nous offre un spectacle de couleurs magnifiques (photo 6). Depuis le sommet, le panorama est inédit : un berg bleu avec une arche et plusieurs grottes est seul, planté là-bas très loin, dans une banquise fragile creusée d’une polynie (photo 7). Pourquoi là-bas ? Pourquoi seul ? Il nous fascine de longues minutes. Il était près de nous cet été, ses formes nous sont en effet familières et les photos nous le confirmeront. Plus à l’ouest encore, ce sont les îles d’Hélène plus proches du continent (photo 8). Les jours sont encore trop courts pour les atteindre mais sans doute bientôt elles seront l’objet d’une balade. Un autre berg proche de Fram attire notre curiosité : ce sont les marbrures d’un nouveau berg chocolat (photo 9).
Nous traçons notre chemin vers lui (photo 10). A ses pieds, un jeune phoque semble endormi à la surface d’une petite rivière. On n’ose s’approcher de peur de le réveiller (photo 11).
Le soleil retombe vers l’horizon, les journées de juillet sont encore courtes et le chemin du retour long. Nous décidons de rejoindre le continent pour le longer. Les pas défilent et la falaise ne grandit que très doucement. Après une demi-heure de marche, nous nous apercevons que nous sommes en train de nous éloigner de la base. Les angles sont trompeurs dans ce désert, aucun repère nous indique précisément notre position ni les distances et l’horizon en mirages nous donne une mauvaise perspective au sol. Il est grand temps de repartir directement vers la base. Nous voyons les îles Fram sur notre gauche, complètement immobiles pendant de longues dizaines de minutes comme si nous marchions sur un tapis roulant. Le soleil se couche bientôt, la lumière est déjà faible et cette banquise n’en finit plus (photo 12). Un léger vent de sud se lève et commence à nous glacer le visage. Le continent fume déjà et la neige au sol s’envole vers le nord. Le paysage est magnifique mais la fatigue et la crainte d’une descente catabatique nous fait hâter le pas dans cette fumée neigeuse (photo 13). Il fait déjà nuit lorsque nous arrivons sur la base, mais aujourd’hui nous avons vécu des moments incroyables sur cette banquise désertique et avec la crainte d’un soudain déchaînement du vent et de la glace comme l’Antarctique nous le fait parfois vivre.




Photo 1 - En route : Mes 3 camarades de randonnée en direction de « Fram », qu’on aperçoit déjà en arrière-plan. Au fond et à gauche on voit le continent et la demi-lune rousse qui se couche.

Photo 2 - Drôle de grotte : Une curieuse grotte comme si une vague en rouleau s’était soudainement figée.

Photo 3 - Vers le sommet : Les pentes sont raides pour atteindre le sommet.

Photo 4 - Vers la base : Un canyon au premier-plan sépare l’île principale en deux parties. En arrière-plan sur la droite on aperçoit l’ile des Pétrels et le dôme de Bernard ; à gauche se continue le glacier.

Photo 5 - Sommet : L’arrivée au sommet après de multiples essais pour trouver la voie.

Photo 6 - Auréole : Un berg au nord se dresse juste sous le soleil voilé qui nous fait imaginer cette auréole.

Photo 7 - Seul à l’ouest : Un berg magnifique seul dans une polynie (zone brillante sur la banquise).

Photo 8 - Hélène : Plus à l’ouest, les îles d’Hélène

Photo 9 - Autre chocolat : Un petit berg chocolat

Photo 10 - Chocolat marbré : Les marbrures du berg chocolat.

Photo 11 - Trou d’air : Un phoque respire dans l’eau libre entourant le berg chocolat.

Photo 12 - Blanc sans fin : Une banquise désertique, ni neige, ni bergs pour donner du relief.

Photo 13 - Retour sous le catabatique : Le vent se lève, la nuit tombe, le spectacle est aussi beau qu’il est inquiétant.