La vie de base

La base Dumont D'Urville vue du Sud

La vie en Antarctique pourrait ressembler à une sorte d’hibernation dans un igloo, à l’abri des tempêtes et des vents violents qui soufflent presque quotidiennement…
Côté igloo, les bâtiments de DDU ne sont pas aussi discrets et mêlés aux paysages sauvages qui l’entourent. On est assez proche d’un frigo : une forme carrée, monté sur pilotis, de lourdes portes isolantes qu’on ouvre avec un grand manche de levier et qu’on franchit comme les portes d’un sous-marin. L’intérieur ? Ce n’est plus du temps de P.E.Victor, mais il nous regarde chaque jour, encadré et accroché au mur… Les rénovations ce sont les petites touches décoratives des hivernants précédents. Les nôtres commencent à s’ajouter et s’immortaliser au fil des soirées à thèmes, des anniversaires, des improvisations… A l’extérieur, on voit à peine ces gros frigos rouges : on regarde le continent, le glacier, la mer, les nouveaux bergs, l’eau qui ne veut pas encore se figer. On regarde aussi ses pieds : ne pas glisser sur la glace bleu, ne pas s’enfoncer dans une congère, ne pas tomber de ces passerelles métalliques qui font les cauchemars du médecin.
Rien de moins ici qu’ailleurs un lieu de vie : la maison, le bureau, le restaurant et le bar réunis sur quelques centaines de mètres ! On a en plus le luxe d’avoir une salle des fêtes, plusieurs plages rocheuses, une salle de sport, le cinéma et la bibliothèque et tout ça avec vue sur la mer…
Le séjour, c’est le point de ralliement. J’ai arrêté de l’appeler « foyer » (par imprégnation nantaise…) mais un nom qui le décrit plutôt bien. Il est en position centrale sur la base, c’est le bâtiment d’où partent toutes les passerelles pour les labos ou le dortoir et toutes les passerelles y mènent. C’est la cuisine et le bar, les loisirs et les corvées de vaisselle, le calme ou les fêtes, il y a quasiment toujours quelqu’un : les couche-tard croisent les lève-tôt.
Le dortoir des hivernants est au bord d’une falaise, proche de celle des fulmars, ça offre une jolie vue sur la mer pour les chanceux qui ont leur chambre du bon côté du couloir (et j’en fais partie…). On l’appelle en fait toujours le « 42 » de son petit numéro affiché au-dessus de la porte. Il y a aussi le dortoir été, où logent la majorité des campagnards l’été. Il se trouve au sud de l’île, complètement isolé et fermé en hivernage…
Tout autour du centre, on trouve géophy : le batîment « observatoire de géophysique », un tas de câbles et d’ordinateur et surtout le local de radiobase, rebaptisé récemment skuarock, (notre centre de diffusion radio avec animateur quotidien pour le flash info de 14h…), le « BT » ou bâtiment technique avec la station météo et la salle de sport, la « centrale » ou centrale électrique et le « cypo », batîment des techniques (mécanicien de précision, électricien, plombier…) et enfin la « GP » ou gérance postale et radio, notre bureau poste avec un vrai philatéliste. Plus loin vers le Sud, il y a le garage (où logent les 4x4 tout terrains faiblement enneigé et les muskeg tout terrain enneigé), la menuiserie et la glacio (le bâtiment des « chimistes de l’atmosphère »). Et plus à l’Est c’est Biomar, le QG des ornithos, de la pêcheuse et des amateurs de Picon ! On a quand même la chance d’avoir une passerelle qui nous offre une terrasse idéale avec vue sur mer et protégée des vents d’Est dominants…
Et bien sur autour et entre ces bâtiments, il ne faut pas oublier les 10 000 et plus couples de manchots Adélie, qui nous font le spectacle son et odeur quotidiennement d’octobre à mars !


Le séjour


Le dortoir


Biomar fléché


Petit manchot à la fenêtre


Fenêtre du dortoir


Une bière pour quatre