Bienvenue sur le sixieme continent : l’Antarctique !
Click to enlarge Voici quelques nouvelles bien fraîches de la base DDU (66°40’S-140°01’E) et de l’équipe de la 57ème mission qui va tenter l’intégration à l’autochtone : le Manchot Adélie…

14 août 2007

Cap vers les îles Fram

5 juin 15h30 : Les îles Fram au bout du continent un soir de chasse-neige.


Les îles Fram sont un groupe d’îles à l’ouest de DDU, qu’on devine à peine depuis les Pétrels. 4 amateurs étaient au départ de cette première excursion de l’hiver vers « Fram », pour découvrir cette banquise encore jamais foulée et les bergs sur la route de ces îles situées à 8km de la base. Le débarquement nous a donné l’envie d’explorer plus loin la banquise, de marcher librement sans freins sur plusieurs kilomètres, de revivre cette découverte d’un panorama complètement nouveau et de se sentir dans un nouvel environnement.
En chemin, l’une de nos camarades nous raconte l’origine du nom Fram. Il s’agit du nom du bateau de Nansen, utilisé lors de ses explorations polaires en Arctique à la fin du 19ème siècle. Ce bateau est actuellement exposé dans un musée norvégien, pays dont est originaire Nansen.
Nous mettons cap vers Fram. Très vite nous dépassons tous les bergs échoués dans les hauts fonds proche des Pétrels. C’est la banquise, plate, grise, sans neige, et sans fin qui est désormais autour de nous pendant près de deux heures. Nous longeons de loin la falaise du continent qui semble immobile alors que nous avançons à un rythme soutenu. La lune se couche doucement derrière la crête continentale (photo 1). Le spectacle est grandiose : pour la première fois, nous prenons toute la mesure de ce désert.
Fram devient de plus en plus grande, nous approchons enfin. La première surprise est cette drôle de grotte (photo 2) formée par la houle juste au-dessus de la roche. Le temps de se ravitailler en eau chaude mais sans jamais se refroidir après cet effort, nous grimpons au sommet de l’île principale. Difficile d’abord, les pentes sont raides, recouvertes d’une neige glissante et un canyon abrupt sépare l’île principale en deux parties (photo 3, 4 et 5).
Le soleil voilé nous offre un spectacle de couleurs magnifiques (photo 6). Depuis le sommet, le panorama est inédit : un berg bleu avec une arche et plusieurs grottes est seul, planté là-bas très loin, dans une banquise fragile creusée d’une polynie (photo 7). Pourquoi là-bas ? Pourquoi seul ? Il nous fascine de longues minutes. Il était près de nous cet été, ses formes nous sont en effet familières et les photos nous le confirmeront. Plus à l’ouest encore, ce sont les îles d’Hélène plus proches du continent (photo 8). Les jours sont encore trop courts pour les atteindre mais sans doute bientôt elles seront l’objet d’une balade. Un autre berg proche de Fram attire notre curiosité : ce sont les marbrures d’un nouveau berg chocolat (photo 9).
Nous traçons notre chemin vers lui (photo 10). A ses pieds, un jeune phoque semble endormi à la surface d’une petite rivière. On n’ose s’approcher de peur de le réveiller (photo 11).
Le soleil retombe vers l’horizon, les journées de juillet sont encore courtes et le chemin du retour long. Nous décidons de rejoindre le continent pour le longer. Les pas défilent et la falaise ne grandit que très doucement. Après une demi-heure de marche, nous nous apercevons que nous sommes en train de nous éloigner de la base. Les angles sont trompeurs dans ce désert, aucun repère nous indique précisément notre position ni les distances et l’horizon en mirages nous donne une mauvaise perspective au sol. Il est grand temps de repartir directement vers la base. Nous voyons les îles Fram sur notre gauche, complètement immobiles pendant de longues dizaines de minutes comme si nous marchions sur un tapis roulant. Le soleil se couche bientôt, la lumière est déjà faible et cette banquise n’en finit plus (photo 12). Un léger vent de sud se lève et commence à nous glacer le visage. Le continent fume déjà et la neige au sol s’envole vers le nord. Le paysage est magnifique mais la fatigue et la crainte d’une descente catabatique nous fait hâter le pas dans cette fumée neigeuse (photo 13). Il fait déjà nuit lorsque nous arrivons sur la base, mais aujourd’hui nous avons vécu des moments incroyables sur cette banquise désertique et avec la crainte d’un soudain déchaînement du vent et de la glace comme l’Antarctique nous le fait parfois vivre.




Photo 1 - En route : Mes 3 camarades de randonnée en direction de « Fram », qu’on aperçoit déjà en arrière-plan. Au fond et à gauche on voit le continent et la demi-lune rousse qui se couche.

Photo 2 - Drôle de grotte : Une curieuse grotte comme si une vague en rouleau s’était soudainement figée.

Photo 3 - Vers le sommet : Les pentes sont raides pour atteindre le sommet.

Photo 4 - Vers la base : Un canyon au premier-plan sépare l’île principale en deux parties. En arrière-plan sur la droite on aperçoit l’ile des Pétrels et le dôme de Bernard ; à gauche se continue le glacier.

Photo 5 - Sommet : L’arrivée au sommet après de multiples essais pour trouver la voie.

Photo 6 - Auréole : Un berg au nord se dresse juste sous le soleil voilé qui nous fait imaginer cette auréole.

Photo 7 - Seul à l’ouest : Un berg magnifique seul dans une polynie (zone brillante sur la banquise).

Photo 8 - Hélène : Plus à l’ouest, les îles d’Hélène

Photo 9 - Autre chocolat : Un petit berg chocolat

Photo 10 - Chocolat marbré : Les marbrures du berg chocolat.

Photo 11 - Trou d’air : Un phoque respire dans l’eau libre entourant le berg chocolat.

Photo 12 - Blanc sans fin : Une banquise désertique, ni neige, ni bergs pour donner du relief.

Photo 13 - Retour sous le catabatique : Le vent se lève, la nuit tombe, le spectacle est aussi beau qu’il est inquiétant.

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